Quand vient l’heure de se dessiner un horizon à soi…

Espace Impulsion a le plaisir de vous partager un article rédigé par une lycéenne de Seconde suite à une interview dans le cadre de la réforme du lycée et des choix de spécialités pour le nouveau bac.

Bravo à elle pour son éclairage à destination de ses camarades, et surtout pour son talent d’écrivain. Son style, son habilité, son angle de vue et sa touche personnelle sont remarquables. Merci Ayah !

 

« Quand vient l’heure de se dessiner un horizon à soi »

 

Il y a peu, je suis tombée sur une phrase, prononcée par notre vieil ami Coluche de son vivant, et qui a ensemencé la graine que nous ferons germer à mesure que cet article prendra forme :

« Les portes de l’avenir sont ouvertes à ceux qui savent les pousser. »

  Certains considèreront cette dernière parole avec fierté et satisfaction, car ils seront de ces esprits clairs et apaisés qui n’ont pas à appréhender l’inconnu, s’étant déjà fait de l’avenir un allié de taille : ils seront de ceux qui savent. Ceux-là ne se sentiront pas concernés par cet article ; libre à eux de poursuivre leur lecture ou non. D’autres en revanche déglutiront, frissonneront à la seule lecture de cette phrase, n’ignorant que trop ce que l’aube leur réserve, ne parvenant pas à faire parler leurs aspirations profondes ou préférant au contraire les bâillonner, car trop irréalistes, extravagantes ou tout simplement irréalisables. Oui, ceux-là grinceront des dents, et comme chaque fois que le sujet est mis sur la table, ils préfèreront fermer les yeux et s’en remettre au hasard, car il fait bien les choses, n’a-t-on eu de cesse de leur répéter.

  Depuis l’enfance, notre entourage et nous-même n’avons qu’une seule question à la bouche, que nous nous adressons mutuellement en permanence : « Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? ».  Au départ ce ne sont, pour la majorité d’entre nous, que d’enfantines spéculations que l’on prend très au sérieux, ce qui ne manque jamais de faire rire l’assemblée générale. Puis peu à peu s’ajoutent à notre réflexion des prises de conscience, qui l’affinent au risque de l’embrumer.

« le moment présent »

  Ce qui nous ramène au moment présent. Aujourd’hui, des milliers de lycéens désemparés se retrouvent confrontés à un avenir trop incertain pour les rassurer : mais il leur faut désormais ouvrir une porte, car le temps presse. Mais alors, Coluche, laquelle choisir ? Et comment s’y prendre ?

C’est ce à quoi nous nous efforcerons de répondre dans cet article. C’est un choix qui t’est bien trop personnel pour que quiconque puisse y interfer. Es-tu prêt à y voir plus clair ?

Alors que la lumière soit !

 

Mme. Severine ROIRET, d’Espace Impulsion, a aimablement accepté que je lui pose quelques questions sur le sujet. Depuis plusieurs années, elle accompagne les adolescents et les jeunes adultes de 14 à 25 ans dans la découverte de leur personnalité, et milite dans le but de leur faire prendre confiance en eux afin qu’ils soient dans de bonnes dispositions pour entreprendre positivement leur avenir.

Quels sont, selon vous, les obstacles majeurs qui rendent difficile pour un adolescent le processus de recherche d’une voix professionnelle adaptée à son profil ?

  Il est difficile de répondre à cette question puisque ça dépend de chacun. Mais ce qui me vient spontanément, c’est le manque de confiance en soi. Ce que j’observe depuis que je pratique, c’est qu’il faut impérativement que l’adolescent croit en lui pour espérer avancer. C’est la première étape. Après, l’environnement dans lequel il baigne peut aussi lui créer des peurs. Le fait qu’on lui dise quoi faire et de quoi se tenir éloigné : un environnement, en soi, qui n’encourage pas la prise de risque. Et pour que cette prise de confiance se fasse, l’adolescent a besoin d’en apprendre plus sur lui, sur l’environnement dans lequel il serait le plus épanoui, comment il fonctionne, ses goûts, ses valeurs. Et avec tout cet ensemble-là, il est dans des dispositions pour cerner ce qui pourrait l’attirer.

« la fameuse question »

Un autre obstacle serait la fameuse question : « Qu’est-ce que tu as envie de faire ? », qu’on lui rabâche quand c’est la dernière chose qu’il faudrait faire. Elle leur crée une angoisse démesurée, alors que l’idée c’est de l’aider à lire en lui. S’il a des envies, des aspirations particulières auxquelles il n’ose pas accéder, qu’il se demande : pourquoi n’ose-t-il pas ? S’il tentait, qu’est-ce que ça ferait ? Ce genre de questions.

Ne serait-ce pas plutôt dû à un manque d’informations quant à la diversité des possibilités qui s’offrent à nous ?

  Ce n’est pas ce qui revient le plus fréquemment. Effectivement, il existe des « métiers invisibles » assez méconnus. Mais ce qui peut véritablement freiner un adolescent, c’est qu’il a l’impression de faire un choix pour toute sa vie, alors que ce n’est pas le cas. De cette façon, il serait plus judicieux de parler d’environnement professionnel que de « métier » lorsqu’il s’agit de pour lui de choisir, parce qu’il est très probable qu’il exerce plusieurs professions dans sa vie, ce dont il n’a pas forcément conscience. S’il a peur que son métier futur, quel qu’il soit, lui déplaise, il faut qu’il sache qu’il a le droit de changer au bout d’un certain temps. L’évolution est toujours possible.

Selon vous, quelles seraient, concrètement, les étapes à l’issue desquelles on peut espérer y voir plus clair dans notre orientation ?  Et comment commencer à élaborer un projet ?

  Je l’ai déjà brièvement amorcée, mais la première étape à mon sens, c’est la connaissance de soi. Après, on a souvent des envies bien précises, qu’on n’ose pas partager, s’avouer : et bien l’idée serait de les creuser malgré tout. A partir des résultats que l’on aura obtenus, des réponses que l’on aura apportées à la question « Qu’est-ce que j’aime », l’on pourrait ensuite essayer de les associer à des études, à une école, et pourquoi pas à un métier. A l’issue de cette étape, l’adolescent sera au moins capable de mettre des mots sur ce qui l’anime.

« la phase Terrain »

Ensuite, il y a la « phase terrain ». L’immersion professionnelle ; te laisser guider par ta curiosité vers une profession qui suscite ton intérêt et tenter de rencontrer une personne qui l’exerce. L’idée serait de lui soumettre toutes les questions que tu te poses, afin d’en apprendre un maximum sur le milieu. Il peut s’agir d’une rencontre, d’un échange, ou d’un stage en bonne et due forme. Finalement, il faudrait pouvoir aboutir vers un verdict : si oui ou non, ce métier correspond à mon profil et répond à mes attentes.

Ce qu’il y a d’intéressant dans cette approche, c’est qu’elle permet d’éviter d’avoir de mauvaises surprises à l’avenir. Elle accorde à l’adolescent la possibilité d’édifier consciencieusement son projet d’orientation sans que des idées-reçues obscurcissent sa pensée. Et bien entendu, je ne saurais que vous recommander d’échanger avec les autres. Poser des questions à son entourage permet d’avoir plusieurs points de vue. L’important est de ne pas s’enfermer dans ses pensées.

Que pensez-vous du nouveau baccalauréat ?

D’un côté, je vois la nouvelle réforme comme une opportunité inespérée de s’épanouir dans ce qu’on aime faire. C’est une chance que beaucoup n’ont pas eu. Par exemple, concilier les mathématiques à l’économie dans la filière ES était impossible ; aujourd’hui, il y a cette possibilité. Après, je vous rejoins sur le fait qu’il peut être angoissant et très compliqué pour un élève de seconde d’avoir à faire un choix aussi important aussi tôt, mais il est essentiel qu’il se souvienne que ce choix n’est absolument pas définitif et qu’il est voué à évoluer au fil des années, et à mesure que ses goûts s’affinent. Cependant, tout l’intérêt réside dans le fait qu’on arrête d’imposer des filières aux élèves.

« Penser Et/Et »

On peut faire le « et » « et », comme je me plais à dire, c’est-à-dire qu’on est enfin capable de combiner plusieurs matières. Certes, il manque beaucoup d’ éléments : les universités peinent à se positionner et devront s’adapter au changement. On pourrait aussi parler d’un manque d’organisation et de préparation, bien que tout est mis en œuvre pour que la transition se déroule dans de bonnes conditions ; on encadre les élèves du mieux qu’on peut, on s’efforce de les orienter en organisant des salons, etc. Néanmoins, il faut accepter ce changement, ce que les adolescents ont beaucoup de mal à faire. Pourtant, s’habituer au réajustement, surtout s’il est aussi inexorable que celui de la réforme, est un excellent exercice qui vous forge. C’est angoissant, oui, les parents et les élèves baignent dans le doute et c’est normal, mais il ne faut pas oublier de prendre un maximum de recul.

Certains élèves, à défaut d’avoir cerné précisément leurs goûts, procèdent par élimination. Préconisez-vous cette méthode ?

 Si c’est son mode de fonctionnement, je ne peux qu’approuver cette méthode ; cependant, il faut garder en tête qu’elle ne portera pas toujours ses fruits. Tout dépend du profil de l’élève.

 

 

Je voudrais maintenant aborder la thématique de l’argent.

Comment se convaincre de la nécessité d’outrepasser l’enjeu que représente l’argent dans notre orientation ?

  Il faut prendre conscience que si gagner de l’argent est nécessaire pour survivre, il n’est pas toujours un ingrédient du bonheur. La question à se poser, dans cette situation, c’est : « quel équilibre est-ce que je cherche, quelles sont mes attentes ». Ça rejoint la connaissance de soi ; il faudrait parvenir à identifier quelle est ma priorité. Il n’est pas impossible de concilier moyens et passions. Dans ce cas-là, on peut vouloir prendre le temps de gagner beaucoup d’argent, puis changer de cap, d’objectif, avoir envie de vivre pour autre chose.

 

Une des raisons qui peuvent freiner et ralentir la prise de décision d’un étudiant est la crainte de se tromper dans son choix d’orientation, mais de ne réaliser cela que trop tard.

Comment se guérir de la peur du regret ?

  Dites-vous que tout ce que vous aurez appris entre le moment où vous avez fait votre choix et celui où vous réalisez que vous n’êtes pas fait pour un tel domaine, vous servira plus tard, et fera toute la différence dans votre réorientation. Vous aurez une vraie valeur à ajouter parce que vous aurez un regard différent, qui sort du lot, une expérience qui va pouvoir vous enrichir dans votre nouvelle fonction.

 

A présent je pense que tu sais ce qu’il te reste à faire. Qu’attends-tu pour t’envoler ?

 

 

Ayah Choukri- 2nde St Marc à Lyon


ESPACE IMPULSION

Espace Impulsion accompagne les 14/25 ans à découvrir leur personnalité, prendre confiance en eux, et entreprendre positivement leur avenir.

À travers des ateliers, des échanges, et des questions dynamisantes, Espace Impulsion, guide les jeunes adultes à déceler leurs talents, comprendre leurs clés de motivation, découvrir les liens avec leurs valeurs profondes, et leur permet d’appréhender positivement et plus sereinement leurs choix d’orientation en les menant dans l’action.